
3èmes préconisations relatives à la Téléexpertise, ses enjeux et ses pratiques
mai 15, 2025 10:27 amLe Think Tank Télésanté et Numérique en Sante publie ici ses 3èmes préconisations relatives à la Téléexpertise, ses enjeux et ses pratiques. Les auteurs de ce travail sont les suivants : Dr Jean-Bernard Rottier, ophtalmologue libéral, ancien président du SNOF, M. Patrice Ancillon, ancien CEO d’une plateforme de téléexpertise, Pr. Frédéric Venail, médecin ORL, Professeur à l’université de Montpellier, Mme Christelle Répond, IPA libérale dans la CPTS d’Ariège-Pyrénées, Pre. Lina Williatte, Professeure de droit de la santé à l’Université catholique de Lille, Dr Pierre Simon, néphrologue, Président du Think Tank.
Le lecteur peut retrouver les 1ères préconisations, publiées en octobre 2024, relatives au parcours de santé hybride et aux formes de téléconsultation (https://telemedaction.org/think-tank/1-res-preconisations) et les 2èmes préconisations, publiées en avril 2025, relatives au DMP, son déploiement et son usage.(https://telemedaction.org/think-tank/pr-conisations-dmp).
Introduction
La téléexpertise a été pratiquée pour la première fois en France au début des années 90 dans la région Midi-Pyrénées, à l’initiative du Pr. Louis Lareng, Professeur d’Anesthésie-Réanimation au CHU de Toulouse, fondateur en 1968 du SAMU, pionnier de la télémédecine en France (https://telemedaction.org/423570493/un-visionnaire-de-la-t-l-m-decine-nous-a-quitt-s).
L’objectif de la téléexpertise à l’époque était de mieux maitriser les indications de transfert des patients, hospitalisés dans les hôpitaux périphériques, vers le CHU de Toulouse. Les moyens numériques permettaient déjà aux praticiens hospitaliers spécialistes du CHU de dialoguer en Visio avec les praticiens des CH périphériques de cette grande région (Auch, Albi, Rodez, Cahors, Carcassonne, Castres-Mazamet, Lannemezan, Saint Gaudens, etc.), afin d’évaluer ensemble la pertinence ou non d’un transfert des patients vers les services spécialisés du CHU.
C’est ainsi que cette pratique professionnelle, nouvelle à la fin du 20ème siècle, montra des résultats intéressants et convaincants : une demande de transfert sur deux pouvait être évitée et, une fois sur cinq un transfert était justifié alors qu’il n’était pas envisagé par le praticien requérant. C’était une perte de chance évitée. Cette étude observationnelle conduite sur une période de 7 ans (1994-2000) ne fut jamais publiée dans la littérature médicale scientifique, mais seulement présentée dans de nombreux congrès médicaux à la fin des années 90, Elle est rapportée dans le livre « Télémédecine, enjeux et pratiques » publié en 2015.(https://telemedaction.org/422783742/422886029)
Les Objectifs de la Téléexpertise
1) Améliorer l’accès des patients aux soins de second recours (spécialistes), notamment dans les déserts médicaux en médecins spécialistes (obligation éthique).
2) Permettre la continuité des soins, notamment chez les patients atteints de maladies chroniques, en alternant des soins distanciels et des soins présentiels de façon personnalisée (Plan Personnalisé de Santé ou PPS ). La téléexpertise fait partie des pratiques combinées de télésanté. La mise en place des soins distanciels nécessite une information préalable des patients sur les bénéfices et les risques d’un parcours hybride personnalisé vis-à-vis duquel ils doivent donner leur consentement éclairé. (Obligation légale)
3) Réduire les pertes de chance lorsque les délais de consultations en présentiel sont trop éloignés (obligation éthique). La téléexpertise peut ainsi suppléer à une consultation présentielle si le patient donne son consentement après avoir reçu l’information sur les bénéfices et les risques de cette pratique distancielle, laquelle peut être complémentaire d’une consultation présentielle différée (obligation légale)
4) Permettre à tous les professionnels de santé requérants de recueillir rapidement un avis spécialisé quand ils estiment que leur compétence est insuffisante pour intervenir dans certaines séquences de soins aux patients. (Obligation déontologique).
5) Fluidifier et organiser le parcours de soin en permettant aux spécialistes de planifier les consultations présentielles, si elles sont nécessaires, en fonction de leur degré d’urgence, et anticiper les examens complémentaires nécessaires à une consultation de qualité. (Recommandations HAS)